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Problématique du dédouanement
des logiciels informatiques Source : Travaux de recherche de M. Jacques Olivier MBOM
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Aux
termes de l’article 110 du code
des douanes de la CEMAC : « Toutes les marchandises
importées ou exportées doivent faire l’objet d’une déclaration
en détail leur assignant un régime douanier ». Or, si presque tout
le monde s’accorde sur le contenu des termes « importées ou
exportées », l’on est beaucoup moins d’accord sur l’étendue de la notion
de « marchandise », particulièrement en ce qui concerne « les
logiciels informatiques ».
Pour régler cette
question, l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) a pris, le 24 septembre 1984, la décision 4.1
donnant la possibilité aux États membres de taxer de manière optionnelle les
logiciels informatiques dans l’hypothèse où, ceux-ci seraient assimilables à
des marchandises au sens du code des douanes. En dépit de cela, le débat fait encore
rage de nos jours au sein de presque toutes les douanes d’Afrique Centrale et
du monde.
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Au Maroc par
exemple, le Directeur des Douanes et Impôts indirects a du prendre en 2006, la
circulaire N° 5011/415 qui exonère de droits d’importation, tous les produits
numériques même transmis par voie électronique.
Au Cameroun, le problème est encore loin d’être réglé. Ainsi, on observe
actuellement une forte recrudescence des litiges entre les
importateurs/exportateurs et l’administration des douanes sur ce sujet.
Pour comprendre cet état des choses, il convient d’examiner ces quelques
notions.
Ainsi, l’encyclopédie en ligne Wikipedia définit un logiciel comme « un
ensemble d'informations relatives à des traitements effectués automatiquement
par un appareil informatique ». Pour en assurer la livraison, le
vendeur a le choix entre une transmission sur un support physique de type CD,
clé USB, disque dur...ou un téléchargement via Internet. Ainsi, basé sur le
critère de son usage et de son indépendance, on peut en retenir deux
types :
- le
logiciel standard : sa valeur est incluse dans le prix de vente de
la machine avec laquelle il est livré et sur laquelle il s’applique.
Exemple : Microsoft WORD, Microsoft EXCEL, Microsoft ACCESS...qui
sont livrés en bouquet « OFFICE » sur certains ordinateurs de
type desktop ou laptop.
- le
logiciel spécifique : Il est vendu à part et sert à la résolution de
problèmes particuliers, liés au traitement automatique de l’information. Exemple :
SAARI, SAP, JDE...
Pour ce qui concerne la notion de marchandise, si le
code des douanes de la CEMAC n’en donne aucune définition, la doctrine quant à
elle en a retenue une, très largement répandue aujourd’hui. En effet, selon
NEGOU par exemple : « Il faut entendre par marchandise, tous
les biens physiques qui peuvent faire l’objet d’un échange sur le plan
international » (NEGOU, 2006, La valeur en Douane à l’importation en zone
CEMAC, 1ère Édition, Baleng, Page 26).
C’est donc du croisement de ces deux définitions et, des termes de l’article
110 suscité que jaillit la mésentente entre les douanes et les
importateurs/exportateurs camerounais. Pour les premiers à l’instar de
l’inspecteur Camerounais des douanes Jonas TCHINDA dans son article paru dans
la revue des douanes Camerounaises de décembre 2000 en page 48, les logiciels informatiques sont des
marchandises comme les autres et, par conséquent, sont soumises aux
prescriptions de l’article 110 du code des douanes de la CEMAC. Pour les
importateurs et exportateurs, cette interprétation ne tient pas compte de la
nature immatérielle du logiciel.
Comme pour marquer encore plus la très grande complexité de la question, on
notera qu’au sein même de l’administration des douanes Camerounaises, tout le
monde n’est pas d’accord sur le sujet. Ainsi par exemple, pour NEGOU, auteur et
inspecteur des douanes en fonction au Cameroun, les logiciels informatiques
importés en CEMAC ne devraient être pas être soumis aux prescriptions du code
des douanes de la communauté, qu’ils soient téléchargés ou importés sous
support.
En effet, en page 49 de son ouvrage cité ci-dessus, l’auteur soutient au
sujet des logiciels spécifiques que : « Lorsque l’importation de
ces logiciels se fait sans support, par exemple par Internet, par fax, par
téléphone ou par satellite, il n’y a pas de flux physique de marchandises et
par conséquent, la douane n’en est pas concernée. Elle ne saisit
d’ailleurs, dans ses principes que l’occasion du passage des marchandises à la
frontière, c'est-à-dire le passage d’un bien physique pour procéder à l’évaluation
et éventuellement la taxation».
Dans la même page, parlant de l’importation de supports contenant un logiciel,
l’auteur précise que : « Dans le cadre de l’importation de
support comportant un logiciel, aucune administration des douanes de la CEMAC
n’a officiellement pris position...La Division de la fiscalité et des échanges
commerciaux du secrétariat de l’UDEAC...souhaite...que l’on s’en tienne...aux
recommandations de la Direction Générale des Douanes et des Droits Indirects de
Paris. La plupart des pays européens tels que la France ont opté pour la non
taxation des logiciels dès lors que leur montant est quantifiable et apparaît
distinctement sur les documents commerciaux. »
A une échelle plus régionale, par courrier N° 313/CEMAC/C/P/DMC/DUD-CPCF du
12/09/12 à Bangui en réponse à la correspondance N° 052/2011/J-J.S/Bm du 20 juillet 2011 à
Brazzaville de l’UNION PATRONALE ET INTERPROFESSIONELLE DU CONGO (UNICONGO), la
position de la CEMAC est que : « …Lorsqu’il s’agit d’un logiciel
spécifique, c'est-à-dire conçu ou adapté pour les besoins particuliers d’une
entreprise ou d’un organisme, la base d’imposition est constituée du seul
support à condition que la valeur de celui-ci soit distincte du prix facturé.
S’agissant du logiciel standard, c'est-à-dire d’emploi généralisé pour lequel
l’élément intellectuel et le support sont indissociables, la base d’imposition
est constituée de la valeur totale du logiciel (support et données ou
instructions), telle qu’elle figure sur la facture… ». En clair, pour
la CEMAC, les logiciels standards sont taxés avec les supports sur lesquels ils
s’appliquent et les logiciels spécifiques ne le sont pas dès lors que leurs
valeurs sont dissociables de celles des supports.
En Europe, par l’article N° 2187 de la Section 13 du
chapitre I du Titre II des règlements particuliers sur la valeur en douane de
Mars 2012, il est prévu que : « L’article
167 des DAC qui prévoyait des dispositions spécifiques s’agissant de
l’évaluation en douane des logiciels a été supprimé par le règlement (CE) N°
444/2002 de la commission du 11 mars 2002, applicable au 19 mars 2002. La
valeur en douane des logiciels importés après cette date est établie à partir
de leur valeur totale, selon les règles de droit commun, sans distinction entre
la valeur du support et la valeur des données…Il est rappelé que le classement
tarifaire des logiciels sur support est établi au regard de la nature du
support (CD-Rom, clé USB…). La nature du logiciel n’a pas d’incidence sur ce
classement. En conséquence, les logiciels transmis par voie électronique ne
font pas l’objet d’une déclaration en douane ni d’une valorisation au titre de
la valeur en douane. En qualité de prestation de service, ces logiciels
relèvent de la législation fiscale… ». En clair, en Europe, c’est le
moyen de transmission du logiciel et non sa nature qui en détermine la
taxation. Ainsi, seuls les logiciels transmis par voie électronique échapperaient
à la fiscalité de porte.
En résumé de tout ce qui précède, on aura noté la très
grande diversité des positions en la matière depuis les plus libérales
comme celle du Maroc qui a opté pour la non taxation, jusqu’aux plus radicales
comme celle de l’Europe aujourd’hui qui a choisit la seule exemption pour les
logiciels transmis par voie électronique en passant par les plus confuses comme
celle de la CEMAC qui a choisi la seule exemption des logiciels spécifiques
sans aucun avis sur le moyen de leur transfert en dépit de la clarté du
problème posé par UNICONGO.
Au Cameroun aujourd’hui, notre avis est qu’en l’état
actuel des choses, la position récente de l’Europe est la plus prudente à
prendre en compte pour éviter toute surprise dans le pilotage quotidien des
affaires en douane qui touchent aux NTIC.
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Internet de l’auteur : www.logistiks.overblog.com
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