|
La méthode du Kanban
Le Kanban est une étiquette qui sert à matérialiser la
commande que passe un poste client à un poste fournisseur dans un système de
production ou d’approvisionnement par flux tendu.
Alors que dans un système
à flux poussés, les postes fournisseurs (amont) poussent leur
production vers les postes clients (aval), sans tenir compte du besoin réel de
consommation, la méthode du Kanban est une forme de juste
à temps par étiquette fondée sur le principe de production sur
besoin. C'est-à-dire que la production du poste amont est limitée aux seuls
besoins émis par le poste aval. Les entreprises qui adoptent cette méthode
utilisent ainsi les étiquettes de commande de poste en poste tout au long de
leur chaîne client/fournisseur.
Adaptée pour un système à production régulière, le but
principal de la méthode du Kanban est d’éliminer le gaspillage par le maintien de
la taille des stocks intermédiaires à un niveau raisonnable. Il ne s’agit donc
pas de faire du zéro stock absolu. Sa mise en place nécessite une bonne
organisation des processus, une
maîtrise
des flux internes, une évaluation rigoureuse du nombre de Kanban et
une grande fiabilité dans l’exécution des commandes.
A- Les types d’étiquettes Kanban
Un Kanban est une étiquette de commande par lot fixe d’une
et unique référence d’article. Elle porte les informations suivantes :
- Les
données générales de l’article (désignation, référence fabricant, code
interne, code à barre) ;
- Les
données d’approvisionnement (poste client, poste fournisseur, emballage ou
contenant, taille du lot). La taille du lot est la quantité de pièces à
produire ou à livrer pour un Kanban.
Le principe du Kanban est simple : lors de la commande,
le Kanban est fixé sur le contenant vide ou placé dans un tableau conçu à cet
effet et expédié ensuite au poste fournisseur. A la livraison, le poste
fournisseur fixe le Kanban sur le contenant rempli et expédie l’ensemble au
poste client.
Il existe dans la pratique deux principaux types de Kanban :
- Les
Kanbans de manutention/transport : Etiquettes destinées à un entrepôt de stockage,
à un magasin intermédiaire et faisant office d’ordre de prélèvement et de
livraison ;
- Les
Kanbans de production : Etiquettes destinées à un atelier de fabrication et faisant
office d’ordre de production et de livraison.
Ceci dévoile bien l’existence et le rôle du stock
intermédiaire, bien que relativement très bas. Le magasin qui le possède sert
de relai d’information entre le poste aval (client/consommateur) et le poste
amont (fournisseur/producteur). Dans cette organisation, il y a évidemment
autant de Kanban de production que de Kanban de transport entre deux postes
client/fournisseur. On peut utiliser des étiquettes de couleur différente pour
chaque type de Kanban. Pour réguler le niveau des stocks intermédiaire, il suffi
d’augmenter ou de réduire le nombre de Kanbans en circulation.
Selon la nature des postes fournisseurs/clients (atelier de
fabrication, magasin de stockage, magasin de vente…) et le lieu où se trouve le
stock, on peut avoir pour une même référence, un ou deux types de Kanban en
circulation entre deux postes.
- Le
Kanban unique :
lorsque le stock se trouve en totalité sur le lieu de consommation, un
seul Kanban est mis en circulation entre ce dernier et le poste
fournisseur. Si le poste fournisseur est un autre magasin, c’est le Kanban
de manutention qui est mis en circulation (ordre de prélèvement). Si par
contre il s’agit d’un atelier de fabrication, c’est le Kanban de
production qui est mis en circulation (ordre de fabrication).
- Le
Kanban double :
lorsqu’une partie du stock est placée dans un entrepôt intermédiaire entre
un poste de consommation (client) et un poste de fabrication
(fournisseur), on se retrouve avec les deux types Kanbans en circulation
entre les postes client/fournisseur. Le premier (Kanban de manutention)
circule entre le poste de consommation et le magasin intermédiaire, alors
que le second (Kanban de production) circule entre le magasin
intermédiaire et le poste de fabrication.
Chaque poste dispose d’un tableau sur lequel sont déposées
les étiquettes (Kanbans). Ces dernières, une fois présente sur ce tableau
matérialisent des bons de commande pour le poste fournisseur. Le tableau des
Kanbans est composé de deux ou trois zones informant le poste fournisseur de la
nécessité et de l'urgence de la commande : / ne pas ravitailler / à ravitailler
/ à ravitailler d'urgence /.
B- Les principales phases de la méthode du
Kanban
La méthode du Kanban est utilisée entre deux postes client/fournisseur
selon les phases suivantes :
- Au
poste de consommation, l’opérateur prélève un lot (correspondant à un
Kanban) de son stock. Dès qu’il entame la consommation de ce lot, il détache le Kanban qui y est fixé et
le place sur le tableau des Kanbans (bon de commande pour le poste
fournisseur).
- Un
agent intermédiaire ramasse le Kanban, un contenant vide et se rend au
poste fournisseur. Une fois au poste, il récupère un lot entier, détache
le Kanban qui s’y trouve et le place sur le tableau des Kanbans sur place.
Il dépose ensuite le contenant. Le Kanban placé sur le tableau au niveau
du poste fournisseur constitue une commande pour le poste situé plus en
amont. Sur le lot récupéré, il fixe le Kanban du poste consommateur et
effectue la livraison.
- Une
fois cette livraison effectuée, il vérifie s’il y a un Kanban sur le
tableau. S’il n’y a pas de Kanban, cela veut dire qu’il n’y a aucun besoin
en cours. Alors il attend. Le cycle se poursuit ainsi de poste à poste
tout au long de la chaîne d’approvisionnement ou de fabrication.
C- La formule de calcul du nombre de
Kanban
Si l’on considère :
C : consommation moyenne journalière d’un article.
Tf : temps de fabrication nécessaire
pour réaliser 1 pièce, exprimé en unité de jour.
Ta : temps d’attente pour 1 pièce ou délai de
livraison exprimé en unité de jour;
d : durée de
stock souhaitée en unité
de jour ;
Q : capacité d’un contenant (lot
équivalent à un Kanban)
A : taux de rebus (%) estimé dans les ateliers de
fabrication.
Deux formules sont généralement utilisées pour le calcul du nombre
de fiches Kanban en circulation. Selon qu’il s’agisse d’un stock de production
ou de distribution, on aura :
- Pour
des stocks de produits finis : nombre de Kanbans = (C x d) + encours
/Q
- Pour
des stocks intermédiaires de production : nombre de Kanbans = C (Tf+Ta)(1+A)/Q
D- Autres avantages liés à la méthode du
Kanban
|
La méthode du Kanban est très économe. Elle ne nécessite pas d’investissement lourd
(système informatique), améliore le temps de réactivité dans toute le process (optimisation
des délais) et mobilise peut de moyens matériels (optimisation des charges).
Outil important de la
traçabilité : grâce aux informations marquées sur l’étiquette,
notamment, le poste fournisseur, on garde toujours une trace de l’origine des
articles de chaque lot
La production par petits lots facilite le contrôle strict de
la qualité des produits. Avec zéro pièce défectueuse envoyée à la chaîne des
consommateurs situés en aval, on augmente la probabilité d'avoir au bout 100%
de bonnes pièces.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cette méthode permet d’avoir un contrôle permanent de la
taille des stocks. La régulation des niveaux des stocks intermédiaires est
pilotée directement par la consommation. Aucune pièce n’étant produite ou
déplacée sans Kanban, une augmentation ou diminution du nombre de Kanbans en
circulation augmente ou diminue la taille du stock.
E- Les faiblesses de la méthode du Kanban
Comme toute méthode de gestion par flux tendus, la méthode
du Kanban met une pression immense sur l'ensemble de chaîne logistique, y
compris les partenaires externes (les fournisseurs, les transporteurs et les
clients). Les exigences d’une telle organisation ne sont pas toujours faciles à
respecter par tous.
Une mauvaise synchronisation des tâches tout au long de la
chaîne peut engendrer des dysfonctionnements plein de conséquences. Notamment,
la perte de maîtrise des stocks (ruptures fréquentes, augmentation non justifié
du nombre de Kanbans en circulation).
Avec cette interdépendance entre postes, les risques sont
élevés. Tout aléa au niveau d’un poste de la chaîne perturbe facilement toute
l’activité des postes situés en aval.
Si sont efficacité est incontestable dans l‘organisation des
processus entre postes de travail au niveau opérationnel (entre ateliers de
fabrication), la méthode du Kanban présente des limites dans le pilotage des
opérations aux niveaux tactique et stratégique. Avec des étiquettes Kanbans, il
n’est pas possible de collecter et de stocker des informations relatives aux
différentes opérations réalisées. Sans historiques, il devient impossible de
gérer le prévisionnel. D’autre part, les mouvements de stocks entre
fournisseur/client ne sont pas valorisés. C’est une méthode qui doit donc obligatoirement
être associée à un système d’information. Ce qui nécessite forcément un
investissement supplémentaire.
|
|